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Utilisation quotidienne du vélo : les Pays-Bas et le Danemark encore loin devant

10 juin 2024

Utilisation quotidienne du vélo : les Pays-Bas et le Danemark encore loin devant

Alors que le débat sur la sobriété énergétique conduit à ouvrir une réflexion plus vaste sur les déplacements quotidiens, une étude révèle que l’utilisation du vélo « à la hollandaise » pourrait réduire les émissions mondiales de dioxyde de carbone d’environ 700 millions de tonnes chaque année – un total équivalent aux émissions annuelles de gaz à effet de serre du Canada.

Si tout le monde utilisait le vélo pour tous les trajets inférieurs à 1,6 kilomètres par jour, sur le modèle des Danois, la quantité de dioxyde de carbone (CO2) émise baisserait de 414 millions de tonnes à l’échelle mondiale, soit l’équivalent des émissions du Royaume-Uni en 2015. Pour des distances de 2,6 kilomètres, comme le font les Néerlandais, ce seraient 686 millions de tonnes qui seraient économisées. C’est la conclusion d’une étude réalisée par une équipe internationale de chercheurs qui ont appliqué les politiques « vélo-friendly » des Pays-Bas et du Danemark à 60 États, dans une étude publiée en août 2022 dans la revue Communications Earth and Environment.

Quand le secteur des transports représente encore un quart des émissions globales de gaz à effet de serre, le vélo apparaît comme une alternative crédible à la voiture sur de courtes distances. Une alternative bénéfique pour la santé et pour l’environnement. « Une politique mondiale en faveur de la bicyclette et le développement d’infrastructures permettant un transfert modal comme aux Pays-Bas et au Danemark peuvent conduire à d’importants avantages encore inexploités en matière de climat  », confirment les auteurs du rapport, qui ont compilé la première base de données mondiale concernant la possession et l’utilisation de vélos, sur une période qui s’étend de 1962 à 2015.

Pour Gang Liu, auteur principal de l’étude et professeur au département des technologies vertes de l’université du Danemark du Sud, ces données soulignent l’importance du vélo dans la lutte pour la réduction de l’empreinte carbone du transport mondial. Mais elles mettent aussi en évidence la nécessité de construire une stratégie globale incluant l’aspect technologique, comme la réduction du poids des vélos ou leur électrification, une offre de services de mobilité alternative comme la mobilité partagée, la mobilité à la demande ou le covoiturage et une incitation à passer de la voiture au vélo pour les courtes distances.

Infuser une culture du vélo

Mais changer de mode de transport, c’est aussi changer de mœurs. Bien que le taux de possession de vélos par habitant soit plus élevé que celui de voitures dans la plupart des pays, notamment dans les pays industrialisés, ils restent souvent à la cave.

Pour les 60 pays étudiés, la part de l’utilisation du vélo pour les déplacements quotidiens représente moins de 5 %. Et pour cause : face à des infrastructures cyclables inadaptées, au manque de sensibilisation ou encore aux distances trop grandes à parcourir, la bicyclette est souvent délaissée au profit de la voiture, actuellement responsable de la moitié des émissions du secteur des transports dans le monde. Cette tendance s’accentue dans les pays où le taux de mortalité routière est élevé, tels que le Brésil et la Thaïlande, le vélo y étant perçu comme particulièrement dangereux.

À l’inverse, si les Pays-Bas et le Danemark cumulent à eux seuls 20 % des déplacements à vélo dans le monde, c’est notamment grâce aux nombreuses infrastructures cyclables développées, aux terrains naturellement plats mais aussi à une culture du vélo bien ancrée et une forte sensibilisation à l’environnement. C’est ainsi qu’au Danemark, environ 95% des personnes possèdent au moins un vélo et son taux d’utilisation par habitant est plus élevé que celui des Pays-Bas et reste le plus élevé au monde après 1990.

Du potentiel à exploiter

La France n’est pas en reste. Elle fait partie des autres bons élèves européens du vélo à usage routinier, surtout depuis le déconfinement en 2020, où le nombre d’actifs ayant eu recours au vélo pour se rendre au travail a explosé, comme le note l’INSEE dans son analyse de 2021. Les comptages font état d’une augmentation du nombre de passages de cyclistes de 27% en milieu urbain et de 197% en milieu rural, hors confinements, selon le rapport de l’association Vélo & Territoires.

Mais ce n’est pas encore suffisant pour atteindre l’objectif fixé par le gouvernement d’Emmanuel Macron de passer à 9% des déplacements quotidiens à vélo en 2024. La voiture reste le mode de transport le plus utilisé par les Français qui sont 75% à y avoir recours quotidiennement, devant les modes actifs comme la marche, le vélo et la trotinette à 44% et les transports en commun à 29%. Le potentiel inexploité de l’usage du vélo reste considérable, alors que son usage permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport et pour les utilisateurs de faire des économies et de préserver leur santé.

Source : Usbek&Rica

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