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Quand votre moyen de transport influence celui de vos collègues

10 juin 2024

Quand votre moyen de transport influence celui de vos collègues

Même si l’usage du vélo progresse en France, notamment dans les déplacements domicile-travail, la voiture reste le mode de transport privilégié, même pour les trajets inférieurs à 5km. Ce constat pose la question de l’efficacité des politiques qui ambitionnent de développer l’usage des modes de transports durables et des mobilités dites « actives », autrement dit les mobilités qui s’accompagnent d’une activité physique. Il peut s’agir non seulement de la marche ou du vélo, mais aussi des transports en commun : en moyenne, en effet, un trajet en bus, en tramway ou en train nécessite de marcher au moins une dizaine de minutes, en fonction de l’éloignement des arrêts. Or d’autres approchent pourraient permettre de renforcer l’efficacité des mesures actuelles.

Les politiques actuelles ont principalement adopté deux approches : une approche punitive (taxe carbone, zones à faibles émissions conduisant à exclure certains véhicules) et une approche incitative strictement monétaire avec notamment le forfait mobilité durable.

Cependant, des recherches indiquent qu’il existe d’autres approches, telles que le recours à l’influence sociale et les arguments de santé individuelle, qui, combinées, pourraient renforcer l’efficacité des interventions publiques.

L’entourage personnel, élément clé dans le changement d’habitude

Les conclusions de divers travaux de recherche conduisent à penser que l’influence sociale constitue un levier important pour inciter à l’adoption d’une mobilité active. Traditionnellement, les interactions sociales étaient évaluées en fonction de facteurs comme l’appartenance à un même quartier, mais ce type de critères ne résume pas à lui seul l’influence sociale.

L’influence sociale peut en effet également se manifester à travers le plaisir de prendre les transports en commun avec des collègues que l’on apprécie. Dans ce cas, on hésitera à deux fois avant d’utiliser le vélo ou la marche. L’influence sociale s’exprime également dans le fait de se conformer aux comportements de son entourage direct. Par exemple, si tous vos amis se rendent au travail à vélo, vous pourriez être incité à en faire de même pour ne pas être seul à venir en voiture.

Il est donc primordial d’identifier l’entourage spécifique de chaque individu (famille, collègues, amis) pour décrypter le rôle de l’influence sociale. C’est ce à quoi s’est attaché le projet de recherche ResCampus, réalisé auprès du personnel du campus universitaire grenoblois.

L’influence de notre mode de transport sur celui des autres

Cette étude a révélé que lorsqu’une personne adopte un mode de transport actif, les collègues avec lesquels elle interagit ont une probabilité accrue d’utiliser également un mode actif de transport (+24 % en moyenne). Les collègues ont tendance à se conformer à une norme sociale au sein de leur entreprise. Les changements de mode de transport de certains font ainsi évoluer la norme, ce qui conduit les autres à modifier eux aussi leur habitudes.

L’argument de la santé individuelle

La santé est un autre levier motivationnel puissant pour encourager les mobilités actives. Alors que l’usage quotidien de la voiture renforce la sédentarité, le développement du vélo permet une activité physique régulière. Il est désormais admis que l’activité physique améliore non seulement la santé, mais aussi la qualité de vie et le bien-être. Ces bienfaits sont des sources de motivation individuelle qui peuvent initier des changements de comportements. Autrement dit, on n’abandonne pas sa voiture à cause des effets négatifs externes liées à son usage, comme la pollution ou le bruit, mais plutôt parce que les alternatives, le vélo ou la marche à pied, sont agréables et bénéfiques pour sa santé et son bien-être.

Il s’agit de la théorie de l’autodétermination qui stipule que de nouveaux comportements sont davantage adoptés s’ils sont associés à un sentiment de choix et de libre arbitre plutôt qu’à celui d’obligation et de contrainte.

Les conclusions de cette étude devraient inciter les pouvoirs publics à orienter leurs actions afin que l’utilisation de modes de transports actifs soient davantage perçue par les citoyens comme un comportement de santé, et plus seulement comme un comportement « durable ».

Campagnes d’information grand public, challenges mobilité au niveau des entreprises, coachings individualisés avec un conseiller mobilité basés sur la compréhension des besoins et des habitudes de déplacement de chacun… ces actions constituent un socle de base que l’influence sociale pourrait dans un second temps démultiplier, notamment sur les lieux de travail, où les interactions sociales amplifient la diffusion des bonnes pratiques.

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