Près de 30% des gaz à effet de serre sont émis en France par le secteur des transports et la voiture est encore utilisée dans 52,9 % des trajets, y compris pour les trajets inférieurs à 2 kilomètres, soit moins de vingt minutes de marche ou moins de cinq minutes à vélo. Un enjeu pour la décarbonation des déplacements. Et pour les véhicules de fonction ? La voiture électrique est-elle la seule solution envisageable ? Et si on pariait sur le vélo de fonction ?
1. Le vélo plus rapide que la voiture dans de nombreuses situations
En région parisienne comme dans tous les centres-villes de province, 74% des travailleurs privilégient la voiture pour se rendre au travail selon une étude de l’INSEE de 2017, bien qu’on observe, depuis, une tendance à la baisse. Et ils sont 60% à se déplacer en voiture pour des trajets inférieurs à 5km. Les actifs résidant dans les pôles des aires d’attraction des villes recourent moins souvent à la voiture (58%) que ceux des couronnes ou des communes hors attraction des villes. Clairement, il est plus facile et sécurisant de se déplacer à vélo en ville qu’à la campagne.
Pourtant le moyen de transport le plus rapide en milieu urbain pour des distances de seulement quelques kilomètres est le vélo. Une étude de l’ADEME vient de le confirmer, si cela était encore nécessaire. D’ailleurs 6% des actifs l’ont bien compris et pratiquent déjà le « vélotaf ». Le vélo électrique contribue d’ailleurs à l’accélération du phénomène.
2. Le futur de la mobilité est déjà en marche de l’autre côté du Rhin
En France, le nombre de voiture de fonction est difficile à évaluer avec précision. En Belgique, les véhicules de fonction représentent 11% du parc automobile, soit 625 000 véhicules. On peut donc comparativement supposer qu’en France, où circulent 40 millions d’automobiles, le parc de voitures de fonction est d’au moins 3,5 millions de véhicules.
En ce qui concerne les véhicules de fonction, une fois encore les données ne sont pas disponibles pour la France. En revanche les Allemands montrent clairement l’exemple avec un nombre de vélos de fonction compris entre 800 000 et 1 million. Pourquoi pas nous ?
3. Des signaux faibles positifs
Malgré l’émergence récente de ce mouvement en France, des indicateurs permettent de croire que les vélos de fonction vont se multiplier. Les acteurs de leasing et de gestion de flotte fleurissent partout sur le territoire. Les politiques publiques sont de plus en plus incitatives avec notamment une réduction d’impôt sur les sociétés lorsqu’elles mettent à disposition de leurs salariés une flotte de vélos de fonction pour leurs déplacements entre domicile et lieu de travail. Cette mesure permet un développement des usages du vélo pour aller au travail qui connaît une progression significative : 100 entreprises l’ont adoptée en 2017, 700 en 2021 pour un volume estimé de 4 000 vélos de fonction. La disposition qui devait prendre fin en 2024 sera prolongée jusqu’en 2027.
Enfin, contrairement à la voiture de fonction, le vélo de fonction n’est pas considéré comme un avantage en nature, puisque l’employé paye un pourcentage supposé couvrir son usage personnel, et n’est donc soumis à aucune charge. En outre, alors que la voiture est généralement réservée aux cadres, pas de discrimination pour le vélo, le service est généralement offert à tous, quelque soit son niveau hiérarchique ou son métier.
Mais ce qui révèle sans doute le mieux cette bascule de la voiture vers le vélo, ce sont les témoignages de salariés sur les réseaux sociaux, souvent sous le hashtag « vélotaf ». Les employeurs eux-mêmes jouent sur ce levier de communication, à l’instar de Doctolib qui a largement fait savoir qu’elle a déployé une flotte de 2 500 vélos pour ses salariés. Et on ne compte plus les entreprises en cours d’audit pour obtenir le label « employeur pro-vélo ».
Comment le vélo, particulièrement implanté en France dans les années 30, rapide, économique et écologique, pourrait ne pas être le mode de transport du futur, même dans les entreprises ?
