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Ateliers de développement personnel : l’étude qui montre leur inefficacité sur le bien-être au travail

22 septembre 2024

Ateliers de développement personnel : l’étude qui montre leur inefficacité sur le bien-être au travail

Méditation de pleine conscience, coaching, gestion du stress sous forme de sessions flash et en visio sur la pause déjeuner… Les entreprises sont de plus en plus friandes des ateliers de développement personnel qu’elles proposent à leurs salariés dans l’espoir d’améliorer leur bien-être. Au Royaume-Uni, la moitié des employeurs disposent ainsi d’une stratégie dédiée. Mais ces ateliers sont-ils bénéfiques ? Pas si sûr. Après avoir analysé les données de 46 000 salariés de plus de 200 entreprises britanniques, dont 5 000 avaient pris part à au moins une initiative liée au bien-être sur leur lieu de travail dans l’année, William J. Fleming chercheur à l’université d’Oxford montre qu’il n’existe aucune différence significative en matière de santé mentale entre les salariés ayant ou non bénéficié d’un tel type d’activité. Ce constat est observé quelle que soit la nature de l’atelier et de manière équivalente entre les collaborateurs féminins et masculins. « Ces résultats vont à l’encontre de la littérature empirique et des discours politiques », relève l’auteur de l’étude.

Pour l’expliquer, le sociologue émet deux hypothèses. La première est que ces ateliers bien-être ne délivrent pas d’outils pour aider les travailleurs à faire face aux exigences de leur travail. La seconde suggère que les salariés se rendent compte à l’issue de l’activité que leur employeur leur fixe des objectifs irréalistes sans avoir de solutions pour y faire face. 

Contre le stress, soyez altruistes

Seule exception : les actions de bénévolat. Elles auraient un effet positif sur le moral des travailleurs grâce un sentiment accru d’utilité et d’accomplissement. Une étude a été menée sur 77 adultes âgés de 18 à 44 ans qui devaient reporter quotidiennement des événements stressants vécus dans la journée, ainsi que des comportements spontanés d’aide ou de soutien aux autres. Le stress était moindre quand ils ont eu dans la journée des comportements généreux, comme proposer leur aide à un inconnu, tenir une porte à quelqu’un ou aider leurs enfants aux devoirs. Le fait de s’engager dans des conduites d’aide aurait aussi une incidence positive sur la santé mentale en permettant de mettre de côté les soucis du quotidien et de renforcer l’estime de soi, car on a tendance à se trouver plus important et plus performant lorsqu’on aide des gens plus en difficulté que soi-même. Cultiver l’esprit d’entraide au quotidien pourrait même à long terme avoir un effet protecteur sur la santé physique, évoquent les chercheurs. Pourquoi donc s’en priver ?

Reste que pour véritablement améliorer la santé mentale des salariés au travail, il ne suffit pas d’organiser des séances de yoga, des ateliers de bien-être ni même d’installer une salle de sport ou de décréter des journées sans mails ou sans téléphone portable. William J. Fleming privilégie les conditions de travail, bien plus que les initiatives visant à influer sur les salariés de manière individuelle, ainsi que les changements organisationnels tels que l’amélioration des horaires de travail, les pratiques de management, davantage de ressources en personnel ou une redéfinition des postes d’activité.

Source

• William J. Fleming, « Employee well‐being outcomes from individual‐level mental health interventions. Cross‐sectional evidence from the United Kingdom », Industrial Relations Journal, janvier 2024.