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La semaine de 4 jours, pourquoi pas chez Engie ?

14 mars 2023

La semaine de 4 jours, pourquoi pas chez Engie ?

Les expérimentations de la semaine de travail de quatre jours se multiplient dans le monde. Au royaume Uni par exemple, mais aussi dans plusieurs pays européens et même en France. Alors pourquoi pas chez Engie ? Petit tour d’horizon de certaines de ces expériences et de leur bilan.

Au Royaume Uni

Durant six mois, de juin à décembre 2022, 61 entreprises britanniques ont participé à la plus grande expérimentation jamais menée sur le sujet : le temps de travail de 2 900 salariés a été réduit de 20 % grâce à la mise en place d’une semaine de quatre jours payés cinq puisqu’ils ont tous conservé leur salaire.

Les résultats démontrent qu’une semaine de travail réduite a des effets significatifs sur le bien-être du personnel mais aussi qu’elle s’avère positive pour les entreprises notamment en préservant la fidélité des salariés.

Celle-ci a concerné des entreprises de tailles variées (1 000 salariés pour la plus grande, 25 ou moins pour la plupart) et dans différents secteurs, de la finance aux organismes sans but lucratif en passant par des restaurants. Toutes avaient la liberté d’adapter la réduction du temps de travail à leurs contraintes : certaines ont choisi de donner à leurs salariés un jour de congé le vendredi ou le lundi, d’autres de lisser cette diminution sur l’année. Pour de nombreux managers, la participation au test prenait son sens dans un contexte post covid. Ils pensaient en effet que ce dispositif les rendraient attractifs dans une période où les recrutements sont difficiles, ou cela leur semblait une alternative intéressante au télétravail total, qui leur faisait craindre l’isolement et une dislocation de la culture d’entreprise.

Moins de stress, plus de temps pour soi

Côté employés, la semaine de quatre jours a rendu 39 % d’entre eux moins stressés et 71 % ont déclaré que leur niveau d’épuisement professionnel avait baissé, selon les questionnaires distribués lors des différentes étapes de l’expérimentation.

De nombreux collaborateurs ont expliqué qu’ils utilisaient ce temps libéré pour leurs tâches domestiques, allégeant ainsi leurs samedis et leurs dimanches. Quant aux parents, ils ont apprécié avoir du temps en plus à consacrer à leurs enfants… ou pouvoir économiser sur le mode de garde.

Mais la grande majorité d’entre eux a aussi déclaré que leur charge de travail, elle, s’était maintenue avec une productivité accrue de l’ordre de 62%.

Côté employeurs, les entreprises ont pu observer une baisse du nombre de démissions de l’ordre de 57 %, une diminution de 65 % des arrêts maladie tandis que leur chiffre d’affaires s’est maintenu, avec une hausse moyenne de 1,4 % pour les sociétés qui ont pu produire des données sur le sujet.

D’autres tests en Europe et en France…

Après un test en Islande, c’est désormais en Espagne que 200 petites et moyennes entreprises expérimentent en ce moment une semaine de 32 heures (au lieu de 40) sur quatre jours et sans perte de salaire. La possibilité de réduire sa semaine à quatre jours est aussi proposée aux travailleurs Belges depuis le début de l’année.

En France, au moment où les 35 heures sont remises en question au nom du « travailler plus pour gagner plus », le patron de LDLC, société de vente de matériel informatique de la région lyonnaise, a fait passer ses 800 salariés aux 32 heures pour pratiquer la semaine de 4 jours, sans perte de salaire, convaincu qu’une « relance par le temps libre » est possible. Et convaincu aussi de l’intérêt de favoriser le bien-être de ses équipes.

LDLC vit à ce rythme depuis le mois de janvier 2021 et n’a rien perdu de sa productivité. Certes, les confinements successifs ne sont pas étrangers à ce succès et le contexte international va porter un coup à la progression du chiffre pour l’année en cours. Malgré tout, l’entreprise reste largement rentable.

Et concernant les évolutions salariales ? N’allez pas croire que LDLC sera contrainte de faire stagner les revenus. Elle a même augmenté les salaires de 6,5 %, soit SMIC + 25%, en 2021 et de 4,5 % en 2022. Les postes non « télétravaillables » ont eu une indemnité de 50 euros par mois. Dans cette entreprise, personne n’est payé moins de 2050 euros bruts par mois. Pour les salaires les plus bas, cette journée représente aussi une économie de déplacement, de frais de garde d’enfants… La semaine de quatre jours a généré la création de 6 emplois, en deçà de ce que le PDG de LDLC avait envisagé. « Je n’ai jamais demandé de faire le même travail en quatre jours, mais dans les faits les gens sont tellement reposés que la cadence augmente. Quand on travaille 5 jours par semaine, on attend les vacances pour faire un break et recharger les batteries. Dans une entreprise qui pratique la semaine de 4 jours, on attend le week-end ».

Les facteurs de réussite

Selon un sondage Robert Half de juin 2022 mené auprès de 300 dirigeants français issus d’entreprises de toutes tailles des secteurs privés et publics, 35% des employeurs envisagent d’expérimenter la semaine de 4 jours dans l’année à venir.

Les dirigeants qui ont mis en place la semaine de quatre jours évoquent plusieurs facteurs facilitant la mise en place de ce dispositif :

  • optimiser le temps de travail en évitant les réunions inutiles, trop longues ou mal préparées
  • fixer des objectifs mieux définis ou mieux communiqués
  • faire davantage confiance aux salariés et rendre les managers davantage coachs que contrôleurs, en supprimant la culture du présentiel, ces derniers travers étant particulièrement répandus en France.

D’aucuns pourraient penser que la revendication d’une semaine de quatre jours est portée par des collaborateurs qui ne veulent pas travailler alors, qu’au contraire, cette mesure s’avère être à l’origine de substantiels gains de productivité. Travailler moins pour travailler mieux en somme.

Un test à grande échelle serait intéressant à Engie SA. C’est pourquoi EeFO envisage de demander l’ouverture d’une négociation pour la mise en place de cette organisation de travail.

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